Syrie - L'armée syrienne a lancé son offensive à Alep

Plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective de cet assaut.

Source AFP

L'armée régulière a lancé, samedi, sa contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles à Alep (ici, le 25 juillet).
L'armée régulière a lancé, samedi, sa contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles à Alep (ici, le 25 juillet). © AFP

Temps de lecture : 4 min

Un déluge de feu s'est abattu samedi sur Alep, bombardée et mitraillée par des hélicoptères des forces du régime de Bachar al-Assad qui tentent de déloger les rebelles de la deuxième ville de Syrie, enjeu crucial du conflit. Selon un correspondant de l'AFP sur place, les rebelles sont parvenus à contrer les premières offensives de l'armée contre le quartier de Salaheddine, les insurgés affirmant que les forces du régime n'ont pas progressé et ont perdu des chars.

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Des bombardements violents ont commencé à l'aube sur ce quartier du sud-ouest d'Alep, encerclé, et se poursuivaient avec la même intensité à la mi-journée, selon un autre correspondant. Quatre hélicoptères lançaient des roquettes et mitraillaient le quartier où l'artillerie et les chars étaient en action. Salaheddine "compte le plus grand nombre de rebelles", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon lui, l'armée régulière, qui envoyé des renforts ces derniers jours autour d'Alep, "n'a fait aucun progrès depuis le matin et a même perdu cinq chars".

"Ce sont les combats les plus violents depuis le début de la révolte" en mars 2011, a souligné cette ONG basée en Grande-Bretagne, qui s'appuie sur un réseau de militants sur place.
Au moins 29 personnes - dix soldats, huit rebelles et onze civils - ont été tuées depuis le début de l'assaut, d'après l'OSDH, qui a recensé plus de 20 000 morts, dont 14 000 civils, depuis le début de la révolte contre le régime Assad en mars 2011. Une centaine de chars ont été déployés aux abords de Salaheddine, selon des militants et insurgés, qui ont fait état de combats dans plusieurs autres zones d'Alep bombardés et survolés par des hélicoptères. L'agence officielle Sana a de son côté fait état d'accrochages dans le quartier al-Fourkane (est) avec "un groupe terroriste qui terrorisait les habitants", tuant deux terroristes et arrêtant trois autres.

Les habitants "terrorisés"

"Il y a des milliers de personnes dans les rues fuyant les bombardements, elles sont terrorisées par les hélicoptères volant à basse altitude", selon Amer, porte-parole d'un réseau de militants à Alep joint par Skype. "Un très grand nombre de civils se sont rassemblés dans les jardins publics dans des secteurs plus sûrs, mais la majorité se réfugient dans des écoles. Ils ne peuvent pas sortir de la ville", a-t-il ajouté.

Selon les correspondants de l'AFP, les habitants ont de grandes difficultés à se ravitailler en pain et de nombreux civils ont trouvé refuge dans les sous-sols des maisons. L'assaut a été donné plus d'une semaine après l'ouverture de ce nouveau front le 20 juillet, l'armée ayant pu reprendre le contrôle de Damas où elle a livré combat pendant plusieurs jours aux rebelles. Cette bataille est cruciale pour les deux parties. "Pour le régime, c'est une ville dans laquelle il a beaucoup d'alliés, notamment parmi les hommes d'affaires sur lesquels il compte pour financer une partie de son effort de guerre", a souligné Ignace Leverrier, ex-diplomate français en poste en Syrie, alors que les rebelles cherchent à créer une zone protégée dans le Nord.

Occidentaux contre Russes

Plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective de cet assaut, Washington évoquant la possibilité d'un nouveau "massacre" dans ce pays ensanglanté par 16 mois de violences déclenchées par la répression d'un mouvement de contestation inédit contre le régime. Cependant la Russie, allié du régime syrien, a estimé qu'il n'était pas "réaliste" d'escompter que le pouvoir reste les bras croisés alors que des rebelles "occupent" Alep, capitale économique du pays qui compte 2,5 millions d'habitants.

"Nous sommes en train de persuader le gouvernement qu'il doit faire les premiers gestes, mais lorsque l'opposition armée occupe des villes comme Alep, où une autre tragédie se prépare, il n'est pas réaliste de compter qu'il (le gouvernement) l'acceptera", a souligné le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, étalant de nouveau les divergences avec l'Occident sur la crise syrienne.

Ailleurs dans le pays, l'armée tentait de prendre d'assaut la région de Lajjate dans la province de Deraa (sud). Près de Hama (centre), la localité de Karnaz était assiégée et pilonnée par l'armée qui bombardait également des quartiers de Homs (centre), selon l'OSDH. Avec les 29 morts à Alep, 90 personnes ont été tuées en Syrie samedi, a indiqué l'ONG. Au Liban voisin, des accrochages ont opposé pendant la nuit des habitants de quartiers alaouites partisans du régime syrien et sunnites hostiles à Bachar al-Assad à Tripoli, la grande ville du nord, faisant neuf blessés. L'armée libanaise a rétabli le calme. Enfin, l'Arabie saoudite a collecté plus de 72,3 millions de dollars en cinq jours lors d'une campagne en faveur du peuple syrien.

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