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Alep déchirée par les combats entre rebelles et loyalistes

Mercredi, l'armée régulière a tenté de reprendre à l'ASL son bastion de Salaheddine.

Par Shahzad Abdul, Aziz Oguz (avec agences)

Publié le 08 août 2012 à 09h52, modifié le 08 août 2012 à 21h05

Temps de Lecture 11 min.

Dans le quartier Salaheddine à Alep, le 1er août. La plupart des tanks de l'armée sont massés autour de cette zone. Le premier quartier libéré de la ville est aussi le plus bombardé.

La bataille d'Alep est entrée dans une phase décisive avec l'intervention des forces terrestres de l'armée syrienne. 

  • 19 heures : L'armée syrienne aurait quitté Salaheddine

Des rebelles affirment que l'armée syrienne se serait retirée de Salaheddine. "Une guerre de rue s'est installée, ils [les rebelles] ont infligé de lourdes pertes aux forces de Bachar Al-Assad qui se sont retirées à présent. Salaheddine est sous le contrôle de l'Armée syrienne libre (ASL, opposition armée, ndlr)", a déclaré à Reuters Omar, un activiste rebelle présent dans cette partie d'Alep. D'autres rebelles ont confirmé cette version, qui apparaît en contradiction avec celle livrée par la télévision d'Etat syrienne. 

Le correspondant d'Al Jazeera Ahmed Zaidan, qui a visité le quartier il y a quelques heures, affirme pour sa part que l'Armée syrienne libre (ASL) "contrôle complètement" le quartier.

  • 17 heures : Les rebelles affirment avoir repris du terrain. Des chars et un avion détruits.

Les rebelles affirment avoir repris du terrain sur l'armée dans le quartier de Selaheddine, "Après avoir reçu le renfort de 700 combattants venus de Sukkari, Bustan Al-Qasr, Chaar et Hanano [d'autres quartiers de la ville], nous avons lancé une contre-offensive et repris trois des cinq rues perdues", a affirmé Wassel Ayoub, commandant de la brigade Nour Al-Haq de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles). Il ajoute que ", "

Des rebelles de la brigade Tahwid, qui mène le combat face à l'armée à Alep, affirment avoir détruit cinq tanks à Salaheddine et un avion de combat près de l'aéroport d'Alep.

Des combattants de l'Armée syrienne libre sur un char pris aux troupes régulières, fin juillet à Alep.
  • 16 heures : Informations contradictoires concernant les combats à Salaheddine

L'armée affirme avoir pris le contrôle d'un quartier rebelle emblématique à Alep à l'issue d'une offensive terrestre sans précédent, tandis que les combattants anti-gouvernementaux assurent maintenir leurs positions.

"Nos forces armées ont pris le contrôle total de Salaheddine, infligeant aux groupes terroristes des pertes sévères et faisant un grand nombre de morts et de blessés" lors d'un assaut qui aurait été donné à 1 heure (GMT), a déclaré une source officielle citée par l'agence Sana. "Une fois (les deux rues principales) conquises, tout le système de défense des terroristes s'est effondré, plus vite que nous le pensions", a-t-elle affirmé.De son côté, le colonel dissident Abdel Jabar Oqaïdi a dénoncé une "attaque barbare et sauvage du quartier. Mais il est faux de dire que l'armée du régime a pris le contrôle total du quartier". Le chef du Conseil militaire pour la région d'Alep a ajouté qu'il y a des combats "dans plusieurs quartiers d'Alep, mais cela se concentre surtout à Salaheddine car ce quartier revêt une grande valeur symbolique pour nous et l'armée du régime".Un militant qui se trouve sur place a affirmé voir les chars sur la place Salaheddine et rue Khodr, deux positions stratégiques dans le quartier.

  • 15 heures : Les chefs rebelles signent une charte des droits de l'homme... sur Facebook. Intensité des combats à Selaheddine.

Plusieurs chefs rebelles et des groupes armés de l'opposition ont ratifié, sur une page du réseau social Facebook, un code de bonne conduite en onze articles pour le respect des droits de l'homme. Les signataires assurent par exemple ne pas "exercer de représailles, encore moins sur des bases ethniques ou confessionnelles", ou encore à ne pas se livrer à des actes de torture ou de meurtre de prisonniers. La liste des ratifiants est régulièrement mise à jour. 

A cause de la "violence des combats" dans le quartier de Selaheddine, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) explique sur sa page Facebook qu'il est "incapable" de donner des chiffres exacts sur les dégâts humains. D'habitude réactive et précise, l'ONG informe juste que de "nombreuses personnes" sont mortes. 

  • 14 heures : A Salaheddine, les combats se poursuivent. De nouveaux refugiés en Turquie.

Sur une nouvelle vidéo postée sur YouTube, on peut voir Alep bombardée. Les images montrent un avion volant bas, au-dessus des maisons, puis une explosion.

De nouveau, des Syriens ont trouvé refuge en Turquie dans la nuit de mardi à mercredi. Selon l’agence anatolienne, il y aurait environ 2 400 personnes, surtout des femmes et des enfants, en provenance des grandes villes proches de la frontière turque, comme Idlib et Alep. 37 sont des militaires, affirme l’agence turque. Hier, le ministère des affaires étrangères turc avait indiqué que 47 500 réfugiés se trouvaient désormais en Turquie contre 44 000 à la fin juillet.

  • 13 heures : Mise au point de la situation à Salaheddine. Confirmation de la réunion à l'ONU sous l'égide de la France.

Contacté par sa rédaction, le journaliste du Guardian Martin Chulov donne des précisions sur la situation à Salaheddine. Le reporter, qui est à Alep, a interrogé des rebelles qui sont dans le quartier. Ce matin, des bombardements ont frappé le quartier avant que des tanks n'y entrent. "De ce que nous avons compris, il n'y a pas beaucoup de soldats d'infanterie," raconte le journaliste. Les rebelles affirment avoir reculé de "10 à 15 mètres", mais qu'ils tiennent toujours "une grande majorité" de Salaheddine. Les tanks sont maintenant positionnés autour du quartier. Mais les rebelles sont confiants, pensant que "si le régime envoie son infanterie dans la ville, il pourrait risquer d'avoir un grand nombre de défections."

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La France organisera une réunion ministérielle au Conseil de sécurité de l'ONU le 30 août. Celle-ci sera "essentiellement consacrée à l'examen de la situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins," a précisé le ministère des affaires étrangères. Mais d'après des sources diplomatiques à l'ONU, la participation de la Russie et de la Chine à la réunion n'est pas assurée.

Dans le cadre d'une autre réunion "consultative", douze ou treize pays doivent se rendre jeudi à Téhéran, a déclaré mercredi le ministre des affaires étrangères iranien. "Notre principal argument est le rejet de la violence et la tenue d'un dialogue national", a ajouté Ali Akbar Salehi.

  • 12 heures :  Sarkozy appelle à une action internationale.

Le quotidien Now Lebanon publie sur son site une vidéo qui montrerait l'ancien premier ministre syrien Ryad Hijab à Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, en compagnie de rebelles peu avant de passer en Jordanie. Il a fait défection lundi pour "rejoindre l'opposition".

Dans un communiqué, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a appelé à "une action rapide la communauté internationale pour éviter des massacres", comparant la situation syrienne à celle de la Libye avant l'intervention internationale. A la fin de juillet, Le Parisien rapportait des propos moins diplomatiques de l'ancien président sur le gouvernement socialiste : "On m'a critiqué sur la Libye, mais moi, au moins, j'ai agi. Il faut être plus ferme contre le régime de Damas, beaucoup plus ferme."

  • 11 heures : Russia Today affirme que le général russe n'existe pas.

Le journaliste du Guardian Martin Chulov, qui est à Alep, rapporte que Salaheddine reste aux mains des rebelles. "Contrairement aux déclarations, Salaheddine à Alep reste aux mains des rebelles. Ai parlé avec des commandants de la rébellion combattant ici." Un membre de l'Armée syrienne libre, cité par Reuters, explique que seule une position tenue jusqu'alors par les rebelles a été abandonnée.

Citant des sources militaires et diplomatiques, la chaîne d'information Russia Today, considérée comme proche du Kremlin, infirme la mort du général Vladimir Petrovitch Kotchiev, et affirme qu'il n'existerait même pas. Ce matin, un groupe de rebelles avait annoncé avoir tué ce général à Damas, qui, selon eux, travaillait comme conseiller auprès du ministère de la défense syrien.

  • 10 heures : après les bombardements, des combats au sol

"L'offensive a réellement commencé", a assuré une source de sécurité à Damas. "L'armée avance pour couper Salaheddine en deux. La reprise du quartier va prendre peu de temps même s'il restera quelques poches de résistance".

L'armée syrienne aurait pénétré ce matin avec des chars dans le quartier rebelle de Salaheddine, à Alep, où de très violents combats avaient lieu, a affirmé un commandant local de l'Armée syrienne libre (ASL) à l'AFP. "Les forces du régime ont avancé du côté de la rue Al-Malaab avec des chars et des blindés et des combats féroces se déroulent actuellement dans cette zone", a dit Wassil Ayoub. Un autre chef militaire, seulement identifié comme Abou Ali, fait également état de cette avancée de l'armée.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les combats qui se déroulent actuellement à Salaheddine sont "les plus féroces", depuis le début des affrontements entre rebelles et forces gouvernementales à Alep le 20 juillet. "La percée s'est faite d'ouest en est à partir du quartier mitoyen de Hamdaniyé", a précisé Wassel Ayoub, commandant de la brigade Nour Al-Haq. Interrogé sur l'ampleur de cette avancée, il a répondu : "Les soldats du régime sont présents sur moins de 15 % du quartier. Les tentatives d'avancée de l'armée continuent et il est très difficile aux combattants de l'Armée syrienne libre de mener une contre-offensive en raison des tireurs embusqués dans des immeubles", a-t-il ajouté.

La carte des affrontements à Alep.

Un point de contrôle qui était gardé par des insurgés la semaine dernière avait disparu, son ancienne présence seulement signalée par un drapeau de l'opposition. Des explosions ainsi que des coups de feu pouvaient être entendus dans le quartier, alors que des hélicoptères survolaient un commissariat de police, toujours aux mains des rebelles, à environ un kilomètre de Salaheddine.

Sur le plan diplomatique, le roi de Jordanie dit redouter une partition de la Syrie. Bachar Al-Assad pourrait être tenté de créer une enclave en Syrie pour les membres de la communauté alaouite dans le cadre d'un "plan B" s'il ne parvient pas à contrôler la totalité de la Syrie, estime le roi Abdallah de Jordanie.
Un tel scénario aurait pour conséquence une instabilité durable dans la région, juge le souverain dans un entretien accordé à la chaîne américaine CBS.

  • 9 heures : Les rebelles se retirent de Salaheddine. Un général russe aurait été tué à Damas

Des rebelles syriens annoncent qu'ils ont été contraints d'abandonner les positions qu'ils occupaient dans le quartier de Salaheddine, front des combats avec les forces gouvernementales dans la ville d'Alep. "Nous nous sommes repliés, nous sommes partis", a confié un rebelle à un journaliste de Reuters au moment où ce dernier arrivait dans le quartier de Salaheddine. Une source au sein des services de sécurité syriens a précisé à la chaîne libanaise Al-Manar que l'armée régulière contrôlait désormais le quartier. 

Par ailleurs, un groupe de rebelles syriens a annoncé ce matin avoir exécuté un général russe, Vladimir Petrovitch Kotchiev qui, selon eux, travaillait comme conseiller auprès du ministère de la défense syrien, à la conduite d'une opération contre la région de Ghouta, située à la périphérie de Damas.

Dans une vidéo, le groupe se désignant comme les "Faucons du bataillon des opérations spéciales" présente la copie d'un document d'identité délivré par l'armée syrienne. La Russie, qui compte plusieurs centaines de personnels militaires en Syrie, n'a pas réagi à cette annonce dans l'immédiat.

D'après Téhéran, des militaires à la retraite seraient parmi les 48 "pèlerins" iraniens enlevés en Syrie. "Un certain nombre de ces personnes sont des retraités des Gardiens de la révolution et de l'armée mais aussi d'autres administrations", a déclaré le ministre des affaires étrangères iranien.

Lire : Otages iraniens de Damas: le semi-aveu officiel

  • 8 heures : 13 morts à Alep, 225 hier

Au moins 13 personnes seraient mortes ce matin à Alep, où l'armée pilonnait intensément des quartiers rebelles. "Au moins 12 personnes, dont une femme et deux enfants, ont été tuées à Alep par une roquette tombée sur leur maison", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Le pilonnage aurait notamment visé les quartiers de Kartadji, Tariq Al-Bab et Chaar, selon cette ONG basée en Grande-Bretagne, qui travaille avec réseau de militants et de témoins à travers la Syrie. Une treizième personne aurait été tuée par des tireurs embusqués dans la localité d'Orm, dans la province d'Alep. Selon l'OSDH, 225 personnes sont mortes mardi sur l'ensemble du territoire, parmi lesquelles 129 civils, 50 rebelles et 46 soldats loyalistes.

De son côté, Amnesty International a dénoncé la violence des bombardements de l'armée à Alep, en partie tenue par les rebelles, s'appuyant sur des images satellitaires montrant l'utilisation d'armes lourdes sur des zones résidentielles. Selon l'ONG, les images montrent à Alep et dans la petite ville voisine d'Anadan plus de 600 cratères formés par l'impact d'obus d'artillerie, qui démontrent la violence des combats.

  • Une réunion sous présidence française serait prévue

Une réunion ministérielle sur la Syrie se tiendra au Conseil de sécurité de l'ONU le 30 août, d'après des source diplomatique.  La réunion sera organisée à l'appel de la France, qui préside le Conseil en août, ont précisé des diplomates sous couvert d'anonymat, aucune annonce officielle n'ayant encore été faite.

  • Cette nuit : L'Iran demande l'aide de l'ONU pour ses otages détenus en Syrie
Un membre de la brigade Al-Baraa, de l'Armée syrienne libre, et les otages iraniens.

Le ministre des affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salehi, a demandé la "coopération" du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour obtenir la libération des 48 otages iraniens enlevés en Syrie. Il a rappelé que les combattants de la brigade Al-Baraa de l'Armée syrienne libre (ASL) ont revendiqué l'enlèvement des 48 Iraniens et affirmé que trois d'entre eux avaient été tués dans un bombardement des forces du régime syrien.

Lire Syrie : Assad est déterminé à "purger le pays des terroristes"

Hier, le président syrien Bachar Al-Assad a reçu l'émissaire de son allié iranien, qu'il a assuré de sa détermination à "purger" le pays des "terroristes". A l'occasion de cette rencontre avec Saïd Jalili, la télévision syrienne a diffusé les premières images télévisées du président Assad depuis le 22 juillet. M. Jalili a affirmé que "l'Iran ne permettra jamais la destruction de l'axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel", jugeant que "la situation n'est pas une crise interne mais un conflit opposant l'axe de la résistance dans cette région" à Israël et aux Etat-Unis.

L'armée a poursuivi ses bombardements intensifs sur Alep (nord), deuxième ville du pays, alors que l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy s'est entretenu longuement par téléphone avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda faisant part de la "convergence" de leurs analyses et "la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres".

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