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A Alep, la rébellion dispose désormais d'armes lourdes

Des combats ont également éclaté pour la première fois entre opposants au régime et armée dans les quartiers chrétiens de Damas.

Le Monde avec AFP

Publié le 01 août 2012 à 09h46, modifié le 02 août 2012 à 13h19

Temps de Lecture 6 min.

La station de police de Salheen, dans le sud d'Alep, après une attaque de l'ASL, le 31 juillet.
  • A Alep, l'escalade de la violence

Les rebelles ont bombardé, jeudi 2 août au matin, l'aéroport militaire de Menagh, à 30 km au nord-ouest d'Alep, d'où décollent les hélicoptères et les avions qui mènent des raids sur la ville, ont indiqué des sources concordantes. "L'aéroport militaire de Menagh a été bombardé jeudi matin par un char capturé par les rebelles dans des opérations précédentes", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous avons touché l'aéroport [militaire] grâce à un char que nous avons pris à l'armée d'Assad. Nous avons attaqué l'aéroport à plusieurs reprises mais nous avons décidé de nous retirer à cette heure", a déclaré à Reuters Abou Ali, combattant rebelle. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une ONG favorable à l'opposition basée à Londres, les forces gouvernementales positionnées sur la base ont utilisé des canons et des lance-roquettes pour bombarder la ville de Tel Rifaat, située entre Menakh et Alep.

Un journaliste de l'AFP a entendu le bruit de bombardements et vu des tirs provenant de cette direction. Des rebelles lui ont affirmé qu'il s'agissait "d'une attaque pour prendre cet aéroport d'où partent les hélicoptères et les avions qui tirent sur Alep".

Le porte-parole des Nations unies Martin Nesirky a affirmé mercredi que, selon la mission de l'ONU en Syrie, les rebelles étaient en possession d'armes lourdes, dont des chars, à Alep, deuxième ville du pays où des combats sans précédent ont lieu depuis plusieurs jours entre forces gouvernementales et insurgés. Les observateurs ont également affirmé que les troupes régulières avaient eu recours à des avions de chasse pour tirer sur Alep.

"Ces dernières soixante-douze heures ont vu un accroissement important du niveau de violence dans le sud-est de la ville, autour du quartier de Salaheddine (bastion des insurgés) et il y a des informations sur des victimes et des déplacement de population", ajoutait mercredi une porte-parole de la mission de l'ONU, à Damas.

La carte des affrontements à Alep.

Lire aussi "Alep, la bataille décisive pour les rebelles en Syrie"

Un combattant rebelle dans le quartier de Salahedine a affirmé que "les soldats de l'armée régulière ont essayé d'entrer dans notre quartier mais sans succès". "Nous sommes 2 000 à Salaheddine, dont seulement 500 sont originaires d'Alep. Le reste vient d'Idib et de la province d'Alep et chaque jour des combattants viennent nous rejoindre", a déclaré "Abou Mossab".

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Après la prise symbolique de trois commissariats à Alep, les rebelles semblent déterminés à s'emparer des sièges des services de renseignements. Pour le général rebelle Abdel Nasser Ferzat, un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL), "le plus important, c'est la prise des sièges des moukhabarat [renseignements]. Si ces sites tombent, la victoire sera possible", a-t-il dit.

Des membres du clan progouvernemental des Berri ont eu de violents accrochages avec les rebelles dans le quartier Bab Nairab, dans l'est d'Alep, au lendemain de l'exécution d'un de leurs chefs, Zeino Berri, par l'ASL. Selon une source de sécurité, cet important clan sunnite a promis de se venger en envoyant dans la bataille "plusieurs milliers" de combattants pour lutter aux côtés de l'armée.

D'après l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants, 110 personnes – dont 67 civils, 29 soldats et 14 rebelles – ont été tuées dans les violences à travers le pays dont la moitié à Alep, mercredi.

  • Une répression généralisée dénoncée par Amnesty International

Dans un rapport publié mercredi, l'ONG dresse un tableau apocalyptique de la répression en cours à Alep. Orchestrées par les forces de sécurité et les chabihas (milices du régime), meurtres, tortures et disparitions touchent aussi bien les militants que de simples passants dont les familles sont obligées d'affirmer qu'ils ont été tués par des "groupes de terroristes armés".

Les professionnels de santé qui opèrent dans des centre de soins clandestins sont également visés. "Etre capturés avec du matériel médical est plus grave que d'être pris avec des armes", explique l'un des médecins cités dans le rapport. Infirmiers et docteurs s'exposent dangereusement en soignant les blessés, qui évitent les établissements officiels de crainte d'être interrogés par les forces de sécurité. "Ils tuent les genspour rien, simplement parce qu'ils réclament la liberté, témoigne l'un d'eux. Mais ceux qui ne sont pas tués, on est censé les laisser mourir ? Bien sûr que non, nous devons les soigner. Et si cela nous coûte la vie, qu'il en soit ainsi."

  • "Exécutions sommaires" à Damas

Dans un village près de Damas, un raid des forces de sécurité mené mercredi a causé la mort de 43 personnes, dont certaines ont été exécutées, a affirmé jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme. "Les forces du régime ont pénétré mercredi dans la localité de Jdeidet Artouz [au sud-ouest de Damas], ont arrêté une centaine de jeunes et les ont enfermés dans une école où ils ont été torturés", a expliqué l'OSDH. "Jeudi matin, après l'opération, les corps de 43 personnes ont été retrouvés. Certaines ont été victimes d'exécutions sommaires", a précisé l'OSDH.

Les troupes de l'armée syrienne à Jubar, près de Damas, le 31 juillet.

Des combats entre armée et opposants ont également éclaté mercredi pour la première fois aux abords de deux quartiers chrétiens de la capitale, Bab Touma et Bab Charqi, selon l'OSDH. Selon les comités locaux de coordination, qui animent la contestation sur le terrain, le grand quartier de Tadamoun, dans le sud, a également été visé par des tirs au mortier tôt mercredi matin.

Des accrochages limités à Damas avaient repris lundi, notamment à Kafar Soussé, après une attaque rebelle aux lance-roquettes contre un barrage de l'armée. Le front de Damas s'était calmé après que l'armée eut pris le dessus au terme d'une semaine d'affrontements inédits.

Carte des principaux affrontements du mois de juillet à Damas :

Damas : carte de situation des affrontements
  • Trois millions de Syriens ont besoin de nourriture

Au fur et à mesure de l'intensification des combats dans Alep et d'autres villes syriennes, la crise humanitaire gagne. Trois millions de Syriens ont besoin de nourriture et d'aide pour les cultures de céréales et le bétail, a annoncé jeudi l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui se fonde sur une étude réalisée par l'ONU et le régime syrien.

Sur ces trois millions de personnes, 1,5 million ont un besoin d'urgence d'aide alimentaire pour les trois à six prochains mois, particulièrement dans les zones touchées par le conflit en cours, selon la FAO. Près d'un million de personnes ont besoin d'assistance pour les cultures, le fourrage, les combustibles et la réparation des pompes d'irrigation.

Ce rapport indique que le secteur agricole syrien a perdu cette année au total 1,8 milliard de dollars (1,46 milliard d'euros) du fait de la crise que traverse actuellement le pays. Ce bilan inclut les pertes et dégâts occasionnés aux cultures, au bétail et aux systèmes d'irrigation. Des cultures stratégiques comme le blé et l'orge ont été sévèrement touchées, ainsi que les cerisiers, les oliviers et la production horticole.

  • Première intervention de Bachar Al-Assad depuis deux semaines

Le président syrien a félicité mercredi les militaires pour leur lutte contre ce qu'il a qualifié de "bandes terroristes criminelles", à l'occasion du 67e anniversaire de l'armée. "Le sort passé, présent et futur de notre peuple et de notre nation dépend de cette bataille", déclare dans un communiqué le président, qui ne s'était pas exprimé publiquement depuis deux semaines.

"Nous pensons très franchement qu'il est lâche d'avoir un homme qui se cache et se tienne à l'abri tout en ordonnant à ses soldats de continuer à massacrer les civils de son propre pays", a  réagi un porte-parole du département d'Etat américain, Patrick Ventrell.

  •  La rébellion rejette le gouvernement de transition en exil

La rébellion syrienne a estimé mercredi que le futur gouvernement de transition dirigé par un groupe minoritaire de l'opposition était "mort-né", car non représentatif. L'opposant syrien Haytham Al-Maleh, 81 ans, a annoncé mardi avoir été chargé par une coalition de Syriens "indépendants sans affiliation politique" de former un gouvernement en exil qui sera basé au Caire. Selon un colonel rebelle et porte-parole de l'ASL, un gouvernement transitoire doit représenter le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, ainsi que l'ensemble des militants sur le terrain.

Lire : "La rébellion syrienne revendique des victoires à Alep"

  • Réunion jeudi à l'ONU

L'Assemblée générale de l'ONU se réunira jeudi pour évoquer la situation en Syrie. Elle pourrait, selon certains diplomates, voter en faveur d'une résolution saoudienne dénonçant les violations des droits de l'homme en Syrie et condamnant le Conseil de sécurité pour avoir échoué à prendre des mesures contre Damas.

Le Monde avec AFP

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